Par OCÉANE HERRERO
Avec AURORE GORIUS, ALEXANDRE LÉCHENET et PAUL DE VILLEPIN
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LE MENU DU JOUR |
— INFO Influ : Le lobby des marques de la grande conso dans le viseur de l’Autorité de la concurrence.
— La COP28 débute aujourd’hui, voici votre pense-bête.
— NumSpot, nouveau champion français de l’IA ?
Bonjour à toutes et à tous, si vous avez la chance de textoter un ministre, préparez-vous à installer les applications françaises Tchap ou Olvid. Les membres du gouvernement ont eu ordre, selon Le Point, de désinstaller WhatsApp, Signal et Telegram, applications dont l’exécutif était, jusqu’au sommet, particulièrement friand.
En bon élève, le ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, assurait, hier soir sur X, être déjà à fond sur Olvid avec ses équipes “depuis juillet 2022”.
CONCURRENCE |
CLIENT MYSTÈRE. Toc, toc, toc, c’est nous ! Les salariés de l’Institut de liaisons des entreprises de consommation (Ilec) ont dû être quelque peu surpris en voyant débarquer chez eux les agents de l’Autorité de la concurrence.
Enquête. La raison de cette visite inopinée chez le lobby des grandes marques de consommation, dont a eu vent votre infolettre ? Une enquête portant sur des soupçons de pratiques anticoncurrentielles, dans le secteur de la production et de la distribution de produits de grande consommation alimentaire et non alimentaire, comme l’expliquons ici.
Votre infolettre avait été mise sur la piste lundi, par ce sibyllin communiqué du gendarme de la concurrence. Il indiquait laconiquement avoir mené une “opération de visite et saisie” sans préciser l’identité de l’organisme concerné. Contacté par mon collègue Paul de Villepin, Antoine Quentin, le délégué général du lobby qui représente une centaine de marques (Nestlé, Danone, Coca-Cola…) n’a pas souhaité commenter. Tout comme leur avocat, Joseph Vogel, un ponte du droit de la concurrence.
Minute papillon. Il serait un tantinet prématuré d’en tirer des conclusions hâtives, puisqu’on ignore pour l’instant le champ de l’enquête de la bande à Benoît Coeuré et si d’autres entreprises sont concernées. Comme le souligne prudemment l’autorité, “cette intervention ne préjuge bien évidemment pas de la culpabilité de l’entreprise concernée par les pratiques présumées”.
COP 28 |
ON VOUS DÉCOUPE LA COP. La COP28 ouvre ses portes aujourd’hui sous les quelques 28 degrés Celsius de Dubaï. Avec l’appui de collègues de part et d’autre de l’Atlantique, Paris Influ vous livre ce qu’il faut savoir.
Il y aura qui ? La COP se déroule cette année sans Joe Biden, ni Xi Jinping ni le pape François (qui a dû se décommander pour des raisons de santé) mais avec une ribambelle de responsables politiques et d’acteurs économiques bien décidés à influer sur le cours du sommet. Parmi les plus en vue, Sultan al-Jaber, le patron de la COP28, aussi chief executive d’une compagnie pétrolière des Emirats Arabes Unis. En prise avec cet oxymore, Sultan al-Jaber fait l’objet de soupçons sur son possible double jeu.
Au casting également : le secrétaire d’État américain John Kerry, Simon Stiell, le patron de l’ONU climat, le conseiller climat de Vladimir Poutine, Ruslan Edelgeriev, ou encore un certain Bill Gates.
Qui veut quoi ? Chaque pays envoie sa représentation avec en tête ses intérêts économiques liés à la transition climatique. Parmi les poids lourds : les États-Unis souhaitent mettre la focale sur les gaz à effet de serre autres que le dioxyde de carbone, afin que les pays les incluent dans leurs objectifs climatiques.
Mais aussi… Les Émirats Arabes Unis veulent se concentrer sur une évaluation des progrès depuis l’Accord de Paris en 2015. Le G77+Chine, coalition de plus de 130 pays en développement, appelle à un élargissement à ses membres du fonds pour les pertes et les dommages, qui aide financièrement les pays touchés par le dérèglement climatique.
Quant à l’UE, elle veut accélérer le développement des énergies renouvelables et éliminer au passage les combustibles fossiles. Nos collègues vous en disent encore plus ici.
TECH |
NOUS AUSSI. Après OVH mardi, hier c’est NumSpot qui a confirmé une accélération dans le domaine de l’intelligence artificielle générative. Cette société public-privé, créée il y a un an par La Poste, Dassault Systèmes, Bouygues Telecom et la Caisse des Dépôts, se donne pour mission de proposer des solutions “souveraines” dans le cloud mais donc également, à l’avenir, dans l’IA. Un nouveau champion français ?
Dans le futur. Il n’y avait pourtant pas de représentant du gouvernement autour des madeleines du petit-déjeuner — organisé par NumSpot hier matin — pour marquer son soutien à ce projet bien français. Et ce alors que le gouv’ s’est maintes fois affiché aux côtés de la start-up Mistral AI et à Kyutai, le nouveau labo d’IA de Xavier Niel et Rodolphe Saadé.
Interpellé à ce sujet, le président exécutif de NumSpot, Alain Issarni, a balayé : “On a dépassé le stade du soutien de l’État. Ce qui compte maintenant, ce sont les clients. Je préfère avoir l’État comme client qu’un ministre ici”.
Pas de fâcheries. Le cabinet du ministre délégué à la Transition numérique nous assure en tout cas ne bouder personne : “C’est un projet stratégique pour la souveraineté de notre cloud. Le ministre leur a apporté son soutien et le cabinet est en lien constant avec leurs équipes pour faire avancer le projet”. En attendant, ça faisait plus de madeleines pour votre serviteure.
TRANSPARENCE |
APPLIQUÉES ? La cellule “data” de l’Assemblée nationale a développé un outil pour suivre la mise en application des lois. Mis en ligne hier, il utilise les données ouvertes de la direction de l’information légale et administrative — qui dépend du secrétariat général du gouvernement et édite notamment le site Légifrance — et diffuse des alertes à la parution d’un nouveau décret.
Pas appliquées. Le “baromètre de l’application des lois”, accessible sur le site de l’Assemblée, propose des statistiques par année ou par législature. En 2023 par exemple, sur les 56 lois promulguées, trois seulement sont complètement appliquées à ce jour. L’occasion aussi de constater qu’aucun décret d’application de la loi d’accélération de la production des énergies renouvelables, votée en mars, n’est encore paru, sur les 50 prévus. C’est le cas de 22 autres textes…
ENVIRONNEMENT |
PIONNIÈRE. Elle fut en première ligne pour défendre la santé environnementale. La députée européenne (Verts) Michèle Rivasi est décédée brutalement hier, à l’âge de 70 ans. En 1986, après la catastrophe de Tchernobyl — un “mensonge d’État”, selon ses propres termes — elle fut l’une des cofondatrices de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD).
Lobbies vs santé. Ancienne députée socialiste de la Drôme, passée chez Les Verts en 2005, elle était élue au parlement européen depuis 2009, où elle effectuait son troisième mandat. Elle y a dénoncé sans relâche l’action des lobbies, ceux du tabac ou des pesticides, contre la santé.
Antivax. Michèle Rivasi combattait aussi le “monopole” des laboratoires pharmaceutiques. Ces dernières années années, elle avait pris des positions controversées sur les vaccins, qualifiant notamment le pass sanitaire d’ “apartheid au pays des Droits de l’Homme” pendant l’épidémie de Covid.
“Infatigable militante”. Michèle Rivasi “était de ces infatigables militantes, conviviale, authentique, accessible. Nous pleurons une grande dame de l’écologie politique”, a écrit la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, sur X.
ON SE LE NOTE |
BIENTÔT UNE LPEC LSE. La loi souveraineté énergétique de la France (c’est le nouveau nom de la loi de programmation énergie-climat) sera présentée en conseil des ministres en début d’année prochaine, a précisé Agnès Pannier-Runacher aux députés hier, ajoutant que la régulation des prix de l’électricité y figurerait.
À LIRE AILLEURS |
— Pollution de l’air : comment l’industrie pétrolière sème le doute scientifique pour affaiblir la réglementation (Le Monde)
— “Il n’y aura pas de placement de produits” : le rappeur Booba lance sa propre agence de talents (Le Figaro)
— Inflation : des associations de consommateurs interpellent Emmanuel Macron sur les “profits opaques” (AFP)
— Bilan carbone : Electro Dépôt (Mulliez) écope de la première grosse amende pour défaut de publication (l’Informé)
MERCATO |
Camille Andrieu est devenue directrice de cabinet de Rodolphe Saadé début novembre. Cette magistrate de la Cour des comptes a rallié le groupe marseillais en avril dernier en tant que chief of staff de son directeur financier Ramon Fernandez. Elle remplace Benoît Tournebize, nommé directeur général adjoint de la compagnie La Méridionale.
L’ancien chef de cabinet de Jean Castex à Matignon, Mathias Ott, va devenir directeur de cabinet de la ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé, selon La Lettre. Depuis début 2022, il était préfet à l’égalité des chances dans le Val-de-Marne.
JOBS |
— Doctolib recherche un profil Senior au sein de l’équipe Affaires publiques – spécialiste des sujets de santé.
— La direction du Budget recrute, au sein de la première sous-direction, un adjoint au chef du bureau de la politique budgétaire.
— DHL recherche un responsable des affaires publiques.
— Hermès embauche un chef de projet presse et influence.
Un grand merci à : notre éditrice Aurore Gorius.