Postes clés de l’UE : les nouvelles exigences de la droite perturbent les négociations

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BRUXELLES — Ce devait être une promenade de santé. Au lendemain des élections européennes, un consensus s’était rapidement dégagé pour le casting des postes clés, ou top jobs de l’UE.

L’Allemande Ursula von der Leyen était pressentie pour un second mandat à la présidence de la Commission, le Portugais António Costa à la présidence du Conseil européen, la Maltaise Roberta Metsola à la tête du Parlement européen et l’Estonienne Kaja Kallas comme haute représentante pour les Affaires étrangères.

Mais patatras : les dirigeants de l’UE ne sont pas parvenus à s’entendre sur le soutien à Ursula von der Leyen lundi soir. Et ce, alors qu’Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz avaient assuré ces derniers jours être proches d’un accord, ont confié trois diplomates européens à POLITICO.

“Il n’y a pas d’accord ce soir”, a déclaré à la presse Charles Michel, président du Conseil européen, après le dîner des dirigeants lundi soir.

Un diplomate européen — à qui l’anonymat a été garanti afin qu’il puisse parler franchement des négociations, comme les autres personnes citées dans cet article — a indiqué que, bien que les négociateurs se soient mis d’accord sur trois noms, les dirigeants poursuivront les discussions à une date ultérieure, vraisemblablement lors de leur prochaine réunion, les 27 et 28 juin.

Les attentes étaient grandes lorsque les 27 chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis à Bruxelles lundi dans l’espoir de répartir ces quatre postes entre les trois composantes de la coalition actuelle : le Parti populaire européen (PPE, centre droit), les Socialistes et Démocrates (S&D) et les libéraux de Renew.

Après que le parti d’Emmanuel Macron a été battu par l’extrême droite lors des européennes, sa décision de dissoudre le Parlement et de convoquer des législatives anticipées avaient semblé accélérer les discussions sur les top jobs. En règle générale, les négociations prennent des semaines.

Ces dernières semaines, d’autres dirigeants européens ont également souligné la nécessité d’une continuité, compte tenu de la guerre menée par la Russie en Ukraine et du retour potentiel de l’ancien président américain Donald Trump.

“En partie l’hubris du PPE”

Les espoirs d’un accord rapide se sont évaporés lorsque le PPE, vainqueur des élections le 9 juin, a demandé plus de concessions et plus de pouvoir parmi les postes clés. Comme prévu, le parti souhaitait reconduire von der Leyen et Metsola, toutes deux membres. En outre, il a proposé aux socialistes de diviser le mandat du président du Conseil européen en deux tranches de deux ans et demi — et le PPE obtiendrait l’une d’entre elles.

Cela a irrité les socialistes, qui espéraient obtenir le poste pour António Costa. Peu après le blocage des négociations, les reproches ont commencé.

“C’était en partie l’hubris du PPE”, commente une source européenne haut placée. “En demandant un mandat de seulement 2,5 ans, il a créé un énorme problème de perception auprès des [socialistes], qui se retrouveraient dans une position difficile. Le PPE n’a pas bien joué le coup. Ce sera difficile à résoudre.”

Selon la même source, Charles Michel n’a pas facilité les discussions : “Au lieu d’aider à trouver un accord, il n’a pas arrêté de parler d’autres choses.”

Une autre raison de l’échec des négociations est que la Première ministre italienne Giorgia Meloni n’était pas satisfaite du déroulement de la soirée, ont indiqué plusieurs diplomates de l’UE. Giorgia Meloni, qui est l’une des rares dirigeants à être sortie renforcée des élections européennes, n’a pas apprécié les tentatives des autres dirigeants de l’UE de l’exclure des négociations.

La Première ministre italienne “a contesté le type d’approche de la discussion”, explique une source au fait des négociations. Elle est “partie du principe que la réunion informelle d’aujourd’hui aurait dû être l’occasion de discuter de ce qu’il fallait faire à la lumière des signaux des élections européennes et, à partir de là, d’entamer la discussion sur les noms des candidats aux top jobs, et non l’inverse”, détaille la même source.

S’exprimant lors du G7 à la fin de la semaine dernière, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il pensait que les discussions de lundi pourraient déboucher sur une décision de principe.

“C’est une discussion qui a lieu entre les 27 ; nous nous sommes appelés ; [un accord] semble possible dans les jours à venir, dans la semaine à venir”, avait annoncé le locataire de l’Elysée.

Olaf Scholz avait fait écho à ces commentaires, en déclarant qu’il pensait qu’une décision sur les top jobs interviendrait rapidement. “Des décisions seront prises très rapidement sur les postes les plus importants qui doivent être pourvus en Europe afin que l’Union européenne puisse agir”, a déclaré le chancelier allemand lors d’une interview accordée aux médias d’Axel Springer en marge du G7.

Les dirigeants de l’UE se réuniront à nouveau à Bruxelles les 27 et 28 juin, dans l’espoir de trouver un accord sur les dirigeants de l’Union avant le vote du Parlement européen sur le prochain président de la Commission, prévu pour la mi-juillet.

Cet article a été mis à jour.

Cet article a d’abord été publié par POLITICO en anglais et a été édité en français par Jean-Christophe Catalon.