PARIS — Ce n’est pas la mesure qui va remplir les coffres, mais c’est un petit symbole qui n’échappera pas au grand public. Les avantages dont jouissent les anciens Premiers ministres et présidents de la République ont été supprimés mercredi par le Sénat.
L’amendement de la sénatrice Nathalie Goulet (Union Centriste), à l’exposé des motifs pour le moins explicite (“la République est bonne fille, mais la République est en faillite”), a été adopté contre l’avis du gouvernement dans le projet de loi de finances 2025.
Il propose de sucrer les budgets destinés aux anciens locataires de Matignon (indemnités, voiture, chauffeur, officiers de sécurité, éventuellement carte de circulation gratuite). En 2023, ces avantages se sont élevés à près de 2,8 millions d’euros en 2023, comme l’avait révélé POLITICO.
A leur demande, les anciens chefs de gouvernement peuvent bénéficier de ces avantages en nature, encadrés par un décret pris en 2019 sous Edouard Philippe. Ils sont octroyés pour une durée de dix ans à compter du départ de Matignon, et pas au-delà de leurs 67 ans. Cette limite d’âge ne s’applique pas aux “PM” qui ont quitté leurs fonctions avant le décret.
Justifié par des besoins de sécurité
Au banc lors de l’examen, le ministre des Relations avec le Parlement, invoquant les menaces sécuritaires qui pèsent sur les ex-personnalités, a tenté, en vain, de défendre le maintien d’un service de déplacement et de protection.
Avant cela, Elisabeth Borne, citant les menaces dont elle fait l’objet, s’était publiquement opposée à la remise en cause de ces avantages.
L’amendement pourra encore être modifié lors de la commission mixte paritaire entre députés et sénateurs le 30 janvier, voire être expurgé de la copie finale si le gouvernement a recours au 49.3.