Vidéosurveillance algorithmique : stop ou encore ?

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Par KLARA DURAND

Avec OCÉANE HERRERO & TIPHAINE SALIOU

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AU MENU

— Maintien de la vidéosurveillance algorithmique : le débat déchire déjà.

— Budget : les start-ups sen sortent (pour le moment) par le haut.

— Gabriel Attal lance son association contre le harcèlement à l’école.

Bonjour à toutes et à tous, nous sommes jeudi 24 octobre. En visite à la Paris Games Week, votre infolettre a croisé les gamers de la gendarmerie. Les membres de l’association GameGend ont en effet troqué leurs uniformes pour enfiler leurs casques et jouer avec le public.

Objectif : récolter des fonds pour l’association e-Enfance, avec qui ils collaborent pour protéger les plus jeunes des actes cybermalveillants. Un moyen aussi de repérer d’éventuels “talents cyber”, nous précise leur porte-parole.

LE FAIT DU JOUR

SILENCE, ÇA TOURNE. Stop ou encore ? Cet été, à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques, la France a expérimenté à grande échelle la vidéosurveillance algorithmique. Quelque 480 caméras ont été équipées de logiciels, censées détecter des comportements anormaux dans la foule vibrionnante des spectateurs des Jeux. Si les festivités se sont achevées, une autre compète est déjà bien entamée : celle qui oppose les supporters de la vidéosurveillance algorithmiques, et ses opposants qui la jugent attentatoire aux libertés publiques.

Si on regarde la VAR. Plusieurs questions vont animer ce débat d’ici avril 2025 – le moment où l’expérimentation prendra fin et où sa prolongation devra être décidée. La vidéosurveillance algorithmique a-t-elle été efficace ? A-t-elle permis d’éviter des incidents ou des attaques ? Auprès de sources qui ont pu observer les expérimentations en direct, ma collègue Océane Herrero a pu tirer un premier bilan. Son résultat est contrasté, comme elle vous le raconte dans cet article.

En cause : l’intelligence artificielle a tendance à transmettre de fausses alertes, en particulier dans certains cas d’usage, comme la détection d’objets abandonnés suspects ou de mouvements à surveiller dans une foule.

Homo ex machina. Cela n’a pas empêché le ministère de l’Intérieur d’afficher d’ores et déjà son souhait de maintenir la vidéosurveillance algorithmique après l’expérimentation. Une position partagée par le rapporteur pour avis sur la mission “sécurité” du budget, le député Droite républicaine (DR) Eric Pauget. Celui-ci estime qu’il faut encourager l’écosystème, et que les “difficultés de paramétrage” obligent les forces de l’ordre en chair et en os à garder la main sur la technologie, ce qui “minore” les risques d’atteintes aux libertés publiques.

Pas de quoi convaincre la Quadrature du net. L’association a saisi la CNIL le 31 juillet dernier, critiquant le cadre légal et temporel de l’expérimentation. 

BUDGET

DANS LE MULTIPLEX. Les start-ups se sont offert un doublé gagnant hier à l’Assemblée dans leur bataille pour soutenir — voire renforcer — le statut de jeune entreprise innovante (JEI). En commission des Affaires sociales, les députés ont en effet voté en faveur du maintien du dispositif et des exonérations de cotisations sociales qui lui sont liées. La mesure était notamment portée par Louise Morel (MoDem) et Paul Midy (EPR).

Plus encore, malgré un avis défavorable du gouvernement, l’Assemblée a voté en séance un élargissement du dispositif pour inclure les jeunes entreprises innovantes à impact (JEII). L’amendement, porté là encore par Paul Midy, était poussé par le Mouvement Impact France, précise sa directrice générale Caroline Neyron auprès d’Océane. Il est censé intégrer des start-ups de l’économie sociale et solidaire comme Too Good To Go, Phenix ou Simplon, et serait financé – un classique des amendements parlementaires – via la majoration de l’accise sur les tabacs.

PROTECTION DE L’ENFANCE

SAVE THE DATE. C’est officiel. Gabriel Attal lancera, le 6 novembre, une association pour lutter contre le harcèlement des enfants à l’école. Une cause qui lui tient à cœur : l’ancien Premier ministre était à l’origine, en septembre, d’une campagne nationale contre ce “fléau”, selon ses propres termes. L’association veut envoyer des intervenants dans les écoles, former les personnels, ou encore “financer l’accompagnement juridique de familles”, indiquait-il au Point, mi-septembre. Le cyberharcèlement sera également à l’ordre du jour.

Surprise. Chez certains acteurs de la protection de l’enfance, l’annonce est tombée “par surprise”, nous confie-t-on. D’autant que les missions annoncées ressemblent singulièrement à celles “d’associations présentes depuis vingt ans”, argue notre interlocuteur. “Toutes les initiatives sont bonnes à prendre”, veut croire, de son côté, Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance. Elle rappelle que 24% des enfants de 6 à 18 ans ont été confrontés à du harcèlement.

Des entreprises de la tech ont en tout cas été conviées à l’événement, visiblement organisé à la hâte. Les équipes de Google, TikTok et Snapchat ont été sollicitées ces derniers jours. Tout comme Meta, dont le vice-président Europe du Sud Laurent Solly a été contacté pour faire une intervention. L’équipe chargée du lancement de l’association n’a cependant pas été en mesure de nous donner le programme de cette journée du 6.

MERCATO

Le président de l’Autorité de la concurrence, Benoît Cœuré, est nommé président du comité de la concurrence de l’OCDE.

François Lesage devient directeur de la communication EMEA de Mistral AI, après être passé par Cisco et Twitter.

PORNOGRAPHIE

NAME AND SHAME. Le ministère de la Culture et le secrétariat d’Etat au Numérique mettent la dernière main à leur arrêté sur la vérification de l’âge. Prévu à l’article 2 de la loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (SREN), ce texte doit lister les acteurs, français ou établis dans l’Union européenne, qui seront soumis au référentiel de l’Arcom sur le contrôle de l’âge.

Dans cette liste, on devrait retrouver, selon Contexte, les sites Pornhub, Stripchat, XNXX et XVidéos — toutes installées en Europe. Mais aussi — surprise — les très grandes plateformes (telles que définies par le règlement sur les services numériques, ou DSA) qui autorisent les vidéos pour adultes, en l’occurrence le réseau social X.

Pour viser les acteurs non français, le gouvernement s’appuie sur une dérogation à la directive e-commerce de 2000, qui donne un cadre légal au marché européen des services en ligne. Une jurisprudence récente de la Cour de justice de l’Union européenne (l’arrêt dit “Google Ireland”) permet en effet aux Etats membres de déroger au droit européen pour mettre en place “des mesures individuelles”, au cas par cas, à l’encontre des plateformes. Une brèche dans laquelle la France s’est engouffrée avec son arrêté, présenté comme une action ciblée. Ce dernier devrait être prochainement notifié à la Commission européenne.

DU CÔTÉ DE BRUXELLES

WISHLIST EUROPÉENNE. En réponse à des questions des eurodéputés, les commissaires européens désignés ont dessiné les priorités qu’ils souhaitent pour leurs mandats, vous racontent nos collègues de Morning Tech. A la Souveraineté technologique, Henna Virkkunen prévoit une loi pour booster les investissements dans le domaine de l’IA, sur le modèle du Chips Act (ou règlement sur les semi-conducteurs, en bon français). Par ailleurs, elle ne ferme pas la porte à une réouverture de la directive droit d’auteur, pour répondre aux défis posés par l’intelligence artificielle. Et souhaite faciliter la conclusion de licences entre les industries créatives et les entreprises d’IA.

L’Irlandais Michael McGrath, commissaire à la Justice, souhaite pour sa part s’attaquer à la régulation des influenceurs et aux pratiques dangereuses en ligne, via le Digital Fairness Act.

Enfin, Ekaterina Zaharieva, désignée par la Bulgarie, souhaite booster les start-ups et scale-ups avec un règlement européen sur l’innovation.

AGENDA

A 9h30, suite de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 en commission des Affaires sociales de l’Assemblée.

A 11 heures, la ministre de la Culture Rachida Dati prend la parole à l’Invest Summit organisé à la Paris Games Week.

A partir de 14 heures, suite de la discussion sur le budget 2025 en séance publique à l’Assemblée.

Jusqu’au 31 octobre, semaine mondiale de l’éducation aux médias et à l’information.

RESTEZ BRANCHÉS

— Enfants influenceurs : un début de prise de conscience mais peu de contrôles, analyse La Croix.

— Cyberattaque chez Free ? Les données de millions d’abonnés pourraient être en vente sur le web, décrypte Challenges.

Un grand merci à : notre éditrice Tiphaine Saliou et Jean-Christophe Catalon.