Il ne s’était plus exprimé depuis l’explosion de “l’affaire BMFTV” et son licenciement pour faute grave : l’ex-présentateur Rachid M’Barki choisit de démentir ce qui lui est reproché et charge ses accusateurs.
Soupçonné d’avoir diffusé des contenus liés à des opérations de désinformation, comme l’avait révélé POLITICO, M’Barki a nié devant l’Assemblée nationale mercredi avoir commis une faute, avoir été manipulé ou rémunéré pour diffuser de fausses informations dans son “Journal de la nuit”.
“Chacune des informations que j’ai données (…) était vraie, vérifiable et vérifiée”, a affirmé le journaliste auprès des députés, qui l’auditionnaient dans le cadre d’une commission d’enquête qui investigue “les réseaux d’influence étrangers” sur les élites françaises.
Sur la défensive, le journaliste a démenti à plusieurs reprises avoir été rémunéré par un quelconque informateur ou par un État : “Le Maroc ne m’a jamais donné un seul centime pour dire quoi que ce soit”, a affirmé M’Barki.
Dans un des sujets mis en cause, ce dernier avait fait référence au “Sahara marocain” pour évoquer le territoire contesté du Sahara occidental, relayant ainsi la position du royaume chérifien sur ce territoire qu’il estime sien.
Visiblement ému, Rachid M’Barki s’est en outre dit victime d’un “lynchage médiatique” dans un “pseudo-scandale monté en épingle”.
Le journaliste a accusé son ancien employeur BFMTV d’avoir voulu “se refaire une virginité sur [son] dos” en déposant une “plainte arbitraire (…) pour détourner l’attention dans l’espoir de ne pas être trop accusé par ce pseudo-scandale”.
Vers une suite judiciaire
Le groupe Altice, qui possède la chaîne BFMTV, a déposé une plainte pour “des faits de corruption active et passive de personnes n’exerçant pas une fonction publique et d’abus de confiance” le 22 février, après avoir lancé mi-janvier un audit interne sur les reportages diffusés par Rachid M’Barki.
Liés au Maroc, au Soudan, aux oligarques russes ou encore aux critiques du Qatar, ces sujets n’auraient pas suivi les circuits de validation habituels, selon une dizaine de sources internes informées de l’audit interne mené par BFMTV.
D’après les journalistes de Forbidden Stories — auteurs d’une enquête sur les manipulations de l’information — également entendus par la commission d’enquête, les contenus de ces reportages étaient influencés par des “mercenaires de la désinformation” au cœur d’une juteuse industrie. Parmi eux figure le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, dont Rachid M’Barki a reconnu qu’il lui avait transmis des images.
Questionné sur leurs liens, il a affirmé à plusieurs reprises ignorer pour qui travaillait le lobbyiste.
“Contrairement à ce qu’il a été dit ici et là, je n’ai jamais rien fait en douce. Je n’ai jamais travaillé autrement qu’en toute transparence”, a insisté M’Barki, qui a à plusieurs reprises remis en question le travail d’enquête de Forbidden Stories et du membre du consortium Frédéric Métézeau.
Marc-Olivier Fogiel, le directeur général de BFMTV, sera interrogé jeudi par les députés.
Outre l’attention des parlementaires, les faits reprochés au présentateur ont également attiré l’œil de la justice. D’après les informations de POLITICO, le Parquet national financier (PNF) s’est saisi de la plainte déposée par le groupe Altice.